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Un peu
d’histoire
À l’international
L’Open Dialogue (OD) est une approche qui s’est développée en Finlande à partir de 1984, dans un contexte national de transformation des soins institutionnels vers les soins ambulatoires. Portée par des praticien·nes et des chercheur·es de l’hôpital Keropudas, l’approche fut d’abord conçue pour accompagner les personnes traversant une crise psychotique et leur entourage. L’OD est régi par sept principes : l’aide immédiate (sous 24 heures) ; l’inclusion de l’entourage personnel et professionnel (appelé le “réseau”) ; la flexibilité et la mobilité de l’équipe ; la responsabilité du suivi ; la continuité psychologique ; la tolérance à l’incertitude ; le dialogue et la polyphonie.
Le cadre de recherche adossé à la pratique de l’OD en Laponie occidentale a permis de documenter des résultats prometteurs : 84% des personnes ayant connu un premier épisode de psychose ont retrouvé une vie sociale active (Seikkula et al., 2006), ce qui est aujourd’hui associé à une diminution du taux de rechutes (Bighelli et al., 2021). Une récente étude a montré que de nombreux résultats de l’Open Dialogue demeuraient stables après 19 ans, notamment concernant la réduction du recours aux hospitalisations, aux allocations d'invalidité et aux neuroleptiques (Bergström et al., 2018). Depuis la publication de ces résultats, l'Open Dialogue a été adopté dans différents pays.
En France
→ À Marseille, l’Open Dialogue a commencé à intéresser des professionnel·les de l’équipe mobile psychiatrie précarité MARSS et du Lieu de Répit en 2015. Après deux voyages d’études, les équipes ont organisé une initiation en 2018, puis une formation socle en 2020. L’OD s’est alors implanté au sein de trois services de l’AP-HM. Puis, le CH Edouard Toulouse s’est tourné vers cette approche avec l’objectif de transformer un pôle entier de psychiatrie adulte et une équipe mobile ados en s’inspirant de l’Open Dialogue. Une première en France !
→ À Mulhouse, l’équipe DIAPASON s’est constituée en 2022 pour accompagner les jeunes en souffrance psychique selon l’approche OD.
Il s’agit des premières expérimentations françaises. Grâce à l’engagement des professionnel-les, et avec le soutien d’un programme de recherche-action collaborative[SD1] , ces équipes expérimentent sur le terrain les adaptations nécessaires à notre contexte territorial, comme à d’autres spécificités : pratiquer l’OD au cœur de la précarité, ou dans un contexte de pédopsychiatrie.
Pour faciliter le déploiement de l’Open Dialogue en France, JUST est devenu un organisme de formation certifié QUALIOPI. L’association délivre des initiations, des formations Socle avec le formateur anglais Nick Putman, ou des formations sur mesure (notamment pour les équipes qui pratiquent dans un contexte de précarité où les problématiques sont complexes).
Chiffres
À écouter
Une série de podcasts sur l’Open Dialogue et ODAMARS
L’Open Dialogue, d’accord, mais dans la
pratique ?
Quand une personne traverse une crise, un des services est contacté par la personne elle-même ou un·e membre de son entourage (personnel ou professionnel). Une première rencontre est organisée. Les rencontres sont animées par une équipe dite “réflexive”, composée de deux professionnel·les. Chaque membre du réseau est invité·e à s’exprimer ; puis l’équipe réflexive, après avoir écouté, va échanger sur ce qu’elle a entendu et observé, sur les émotions et questionnements que cela lui soulève. Les échanges qui, normalement ont lieu en réunion clinique, se font ici : face aux personnes dans un dialogue ouvert. Les professionnel·les se voient alors obligé·es de reconfigurer leur discours, leur façon d’être en relation et de considérer le soin (Desvignes et al, 2021).
À Marseille, l'étude pilote ODAMARS s'inscrit dans le projet de
recherche européen HOPEnDialogue
L’étude ODAMARS s’est mise en place en avril 2021
grâce au soutien de la Fondation de France. Il s’agit d’une Recherche-Action Collaborative, réunissant des chercheur·es,
des professionnel·les de chaque service, des usager·es et des aidant·es. Un des
objectifs est d’accompagner la modélisation de l’approche dans chaque service
et entre les services. L’organisation des services en Finlande étant différente
de la nôtre, il faut en effet chercher à adapter l’approche au regard des
réalités locales, tout en demeurant fidèle au modèle. Un autre objectif est
d’évaluer la faisabilité d’une étude randomisée afin de mesurer l’efficacité de
l’OD au regard du traitement habituel dans le cadre de crises psychiques.Simultanément, d'autres projets de recherche ont été entrepris à travers le monde pour étudier l’adaptation de l’OD dans différents contextes et populations cibles, notamment auprès de personnes souffrant d’autres troubles psychiques sévères que la psychose. Ainsi, au cours de l’année 2021, l’équipe d’ODAMARS a découvert qu’une équipe internationale d'experts, dirigée par le Conseil National de Recherche en Italie, travaillait sur une étude internationale, nommée HOPEnDialogue, afin de connecter les projets de recherche sur l’OD émergeant dans le monde entier, et d’établir un modèle d'évaluation selon le cadre rigoureux fourni par ODDESSI, la première étude randomisée sur l’Open Dialogue (en cours au Royaume-Uni).
Les objectifs de l’étude HOPEnDialogue sont de promouvoir une documentation cohérente des pratiques cliniques sur l'ensemble des sites d'étude – en termes d'adhésion, de fidélité et de résultats – et d’évaluer la faisabilité d'une étude randomisée, prospective et internationale qui pourrait déterminer l'impact de l’OD sur les personnes souffrant d’un trouble psychiatrique sévère.
Vu les similitudes avec l’étude ODAMARS, il a été décidé de rejoindre le projet HOPEnDialogue. Après de multiples allers-retours entre les équipes de terrain, les méthodologistes du projet et l’équipe européeenne, la collaboration a pu se concrétiser : l’étude a démarré le 9 juin 2022. Les inclusions se sont terminées le 8 décembre 2022, et les personnes seront suivies pendant 12 mois.
Pourquoi RAC, et pas RAP ?
Dans la galaxie marseillaise, nous parlons plus souvent de Recherche-Action Participative, mais nous proposons cette fois une Recherche-Action Collaborative. En effet, les démarches participatives viennent d’en haut (top down) et sont majoritairement pilotées par des chercheur·es, des médecins ou d’autres professionnel·les. Aussi, bien que l’avis des personnes concernées soit recueilli, ce sont les enjeux des pilotes qui tracent la trajectoire. Ce projet de recherche est une collaboration d’usager·es et d’allié·es. Nous avons l’espoir qu’il ouvre la porte à plus de co-construction et d’inclusivité des voix minoritaires et invisibilisées.
Financeurs
Fondation de France
Conseil National de la Recherche, Italie